- Description sociale
Jean-Baptiste Grenouille est né le 17 juillet 1738 à Paris. Sa mère, poissonnière, ne le désirait pas et accoucha de ce cinquième enfant en s'accroupissant sous son étal, un jour de marché. Il devra sa survie à son premier cri, non "un cri instinctif réclamant pitié et amour mais un cri délibéré (...) contre l'amour et pourtant pour la vie. (...) Il était dès le départ, abominable."
Après avoir été élevé par des nourrices, il travailla, dès 1747, comme tâcheron chez un tanneur puis comme apprenti chez un maître-parfumeur. Il quitta Paris en 1756 et se dirigea vers le Midi. mais il n'atteignit pas tout de suite son but car il s'arrêta pendant sept années dans une caverne au sommet d'un volcan de deux mille mètres où "il redevint un homme à l'état sauvage qui se nourrissait d'insectes et de feuilles."
De retour à la civilisation, il joua le rôle d'un cobaye scientifique pour illustrer la thèse d'un marquis sur l'action néfaste de "l'élément délétère" qu'était la terre sur les êtres vivants puis entra comme compagnon chez la veuve d'un maître-parfumeur à Grasse. Là, il se perfectionna dans l'art de la parfumerie et il ne fallut pas beaucoup de temps à l'élève pour dépasser le maître. Mais il ne recherchait ni reconnaissance, ni fortune et ne désirait pas s'installer à son compte. Il préféra se consacrer alors à sa véritable passion, la chasse aux parfums et n'hésita pas à assassiner plusieurs jeunes femmes pour atteindre son objectif : créer un parfum au "pouvoir invincible d'inspirer l'amour aux hommes". Ce personnage mourut, non pas de la sentence de son procès, mais dévoré par des cannibales.
- Description morale
"Il n'était pas agressif, pas fuyant, pas sournois, il ne provoquait personne" et vivait replié sur lui-même mais parce qu'il n'avait pas d'odeur corporelle, il inspira dès sa naissance, de l'horreur et du dégoût aux personnes qui s'occupaient de lui. Il semblait être fait de marbre et n'avait nul besoin d'affection, de tendresse ou d'amour. Indifférent à tout être humain, Grenouille mettait mal à l'aise les adultes mais aussi les autres enfants qui tentèrent même, une nuit, de le tuer.
Durant toute sa vie, il fut docile, obéissant et très bon employé. Lorsqu'il devint premier compagnon, il ne demanda même pas de salaire et se contenta d'une pauvre nourriture et d'un pauvre gîte. Lui qui vivait de façon très simple, n'avait ni amis, ni relations et voulait qu'on le laisse en paix. On trouvait d'ailleurs "sa société insipide et sans intérêt". Il s'était rendu inintéressant et passait pour un pauvre imbécile. Situation qui le satisfaisait tout à fait, lui laissant ainsi toute sa liberté pour exprimer son talent de parfumeur.
Il avait cependant de l'ambition et des idées de grandeur du fait du but qu'il s'était fixé, et il connaîtra enfin sa première extase psychologique lorsqu'il se verra adoré, vénéré comme un dieu grâce à son parfum, résultat de plusieurs années de recherche et de labeur. Il se qualifiera de "Grand Grenouille" Mais son triomphe se révélera effrayant car, paradoxalement, rejaillit en lui son sentiment le plus profond : sa haine et son dégoût des êtres humains "stupides, puants" qu'il voudrait rayer de la surface de la terre.
Véritable misanthrope, il ne supportait pas d'être aimé par les autres et n'éprouvait de la satisfaction que dans la haine.qu'il portait aux hommes et celle qu'on lui portait. Ceci était peut-être dû au fait qu'il ne parvenait pas à résoudre son problème existentiel (Qui suis-je ?) puisqu'il ne réussit jamais à se sentir lui-même, alors que tous les autres possédaient, eux, une odeur innée. Il choisit donc de mettre fin à ses jours, "si jamais il ne savait qui il était, alors il s'en fichait : il se fichait du monde, de lui-même, de son parfum."
- Description physique
Grenouille était petit, bossu, boiteux, laid mais pas assez cependant pour faire peur. Il était très résistant car "il survécut à un grand nombre de maladies telles que la rougeole, la dysenterie, la petite vérole, le choléra, à une chute de six mètres dans un puits, à une brûlure d'eau bouillante (...) Il était aussi dur qu'une bactérie résistante". À la suite d'une splénite, il garda quelques traces qui l'enlaidir encore plus.
Il inspira toujours de la répugnance physique aux gens qui le fréquentaient. Baldini "avait toujours évité de le toucher, obéissant en cela à une sorte de pieuse répugnance, comme s'il avait risqué d'être contaminé, de se souiller."
Après sa période de retrait de la société, il faisait peur a voir. Ses cheveux qui avaient poussé lui arrivaient derrière les genoux, sa barbe lui arrivait au nombril et ses ongles étaient grands. A vingt-cinq ans, il présentait nettement les symptômes de déchéance propres à la vieillesse.
Son corps n'avait besoin que d'un minimum de nourriture et de vêtements et pourtant il travaillait toujours dur, c'était une bête. Mais la nature lui avait offert un don spécial : un sens olfactif très développé, surhumain même, qui lui permettait de reconnaître toutes les odeurs sans exception.
Source : Ac-reunion.fr